Peut-on vraiment devenir avocat sans bac ? Être avocat est le rêve de nombreuses personnes depuis la nuit des temps. Que vous fassiez le choix d’un cursus classique via une faculté ou alors que vous tentiez une passerelle via d’autres moyens, ce métier sera riche en rebondissements. Dans cet article, nous allons vous expliquer en quoi consiste ce métier et, oui, comment devenir avocat sans bac.

Devenir avocat : l’essence même du métier
Le rôle d’un avocat
Qu’il s’agisse de devenir avocat sans bac ou en suivant le cursus classique, cette profession peut se résumer en quelques points :
Il aide ses clients, qu'ils soient des particuliers, des entreprises ou des institutions, en leur donnant des conseils juridiques simples pour éviter les problèmes ou s'assurer qu'ils respectent la loi.
Il représente ses clients devant les différents tribunaux (civils, pénaux, administratifs, commerciaux) avec ou sans audience.
Il défend leurs intérêts et veille à ce que leurs droits soient respectés.
Il accompagne ses clients dans des démarches juridiques, comme la rédaction de documents (formalités des entreprises par exemple), les négociations ou les procédures de divorce et de garde d’enfants (devant le JAF).
Il les aide aussi lors d'interrogatoires ou de perquisitions, surtout en matière pénale (en général cela intervient lors des permanences en tant que commis d’office).
En tant que professionnel soumis au secret, il veille à la protection des libertés et au droit à un procès équitable.
Parfois, il aide à résoudre les conflits à l’amiable par la médiation ou la conciliation, ce qui peut éviter des procès longs et coûteux (ce qui est obligatoire sur certaines procédures).
En résumé, c’est un professionnel du droit qui se consacre à la justice, à la défense des droits et à l'accompagnement juridique.
Avocat judiciaire ou avocat juridique
En France, les avocats peuvent se spécialiser dans deux domaines distincts : le contentieux judiciaire et le droit des affaires.
Bien qu'ils partagent la même casquette, leurs pratiques et spécialités peuvent être opposées.
Avocat judiciaire :
- Expert en contentieux, il intervient lorsqu'il est nécessaire de porter des affaires devant une juridiction (tribunal judiciaire, pénal, prud’hommes, etc...)
- Sa mission est de défendre son client lors d’une audience si l’affaire venait à aller jusqu’au procès
- Il plaide devant le juge et gère les différentes procédures (écrites et orales)
Avocat d’affaires (juridique) :
- Se préoccupe essentiellement du conseil (avocat conseil) et du droit des affaires (droit des sociétés, fiscalité, contrats, fusions-acquisitions, etc...)
- Il rédige des actes juridiques, s’occupe des formalités (créations de sociétés, cession de parts, etc…), optimise la fiscalité et anticipe les risques juridiques.
- Il intervient en amont pour prévenir les litiges commerciaux ou financiers
La clientèle majoritaire du cabinet est aussi très différente :
Avocat judiciaire :
- Sa clientèle est essentiellement constituée de particuliers, mais aussi des compagnies d’assurances (exemple : réparation des dommages corporels)
Avocat d’affaires (juridique) :
- Il collabore presque exclusivement avec des entreprises, des start-ups et des investisseurs.
Les compétences de base sont très différentes étant des domaines d’expertise fondamentalement opposés :
Avocat judiciaire :
- Maîtrise approfondie des procédures judiciaires (assignations, requêtes, conclusions, procédure d’appel, etc…)
Avocat d’affaires :
- Expertise en droit des sociétés, droit fiscal, droit des contrats, finance(formalités : création de société, fusion, rachat de parts, cession, etc…)
Avocat collaborateur avant d’être avocat associé
Fraîchement diplômés, les jeunes avocats entament leur carrière au sein de cabinets déjà existants en tant que “collaborateur”.
Ce rôle est important afin de faire ses premiers pas dans le monde du droit.
Devenir avocat collaborateur au sein d’un cabinet permet de pouvoir exercer le métier sur des dossiers déjà existants et de pouvoir développer sa clientèle par la suite.
Cette première expérience permettra d’avoir un aperçu de toutes les tâches du quotidien de l’avocat (étude des dossiers clients, rédaction des actes juridiques sous la supervision des associés, gestion du RPVA, rendez-vous clients, audiences, organisation de l’agenda avec les différents avocats du cabinet, etc...).
Suivant les villes, les avocats restent collaborateurs entre 3 à 10 ans afin de pouvoir se construire une première clientèle.
Ouvrir sa propre structure ou s’associer demande un grand investissement que peu d’avocats arrivent à mettre en place rapidement.
C’est pour cela que certains avocats décident de rester collaborateurs toute leur carrière.
Pour résumer :
- Le collaborateur dispose d’un statut libéral alors que l’avocat associé devient copropriétaire du cabinet.
- Au niveau de la rémunération, le collaborateur perçoit une rétrocession fixe ainsi que des primes pouvant varier tandis que l’associé peut recevoir une part des bénéfices du cabinet.
- Au niveau de l’investissement financier, aucun à prévoir pour les collaborateurs mais un investissement sur des parts de la société est à prévoir pour les associés.

Le cursus classique avant de devenir avocat
Faculté de droit : de la licence au master
Devenir avocat sans bac reste une exception. La plupart des personnes voulant s’orienter vers une carrière d’avocat passeront par la FAC de droit après l’obtention de leur baccalauréat.
Il y a tout d’abord les trois premières années de licence :
- La première année sert avant tout de découverte des fondamentaux et matières principales du droit ;
- La deuxième année sert à consolider les bases ainsi qu’à apprendre d’autres matières afin de commencer à se spécialiser dans un domaine précis ;
- La troisième année permet de choisir son parcours, de faire des stages en entreprises et sert surtout à préparer son entrée en master si c’est au programme.
A la suite de la licence et selon les résultats, il y aura deux années de master :
- La première année sera consacrée à l’approfondissement de la matière choisie grâce à une certaine méthodologie, des cours magistraux, des TD, etc…
- En seconde année de master, deux possibilités (un parcours professionnel afin de pouvoir travailler par la suite ou de poursuivre grâce à un concours d’entrée aux écoles d’avocat, magistrat, etc… ou bien un parcours afin de devenir enseignant grâce à une thèse)
Les premières années sont décisives et surtout la première qui a un taux d’acceptation conséquent et donc une élimination élevée de candidats sur celle-ci.
Si vous réussissez votre parcours classique, vous pourrez alors prétendre à passer l’examen d’entrée à l’école des avocats (CRFPA).
Examen d’entrée à l’école d’avocat (CRFPA)
Le CRFPA (Centre Régional de Formation Professionnelle des Avocats) permet d’accéder à l’école des avocats suivant votre résultat, il est aussi appelé “examen du barreau”.
Il faut au moins avoir validé sa première année de master afin de pouvoir prétendre à son inscription au CRFPA.
Il faut savoir que 3 passages maximum sont autorisés par candidat.
Il se déroule en deux grandes parties, l’écrit et l’oral :
- Dans la partie écrite, nous allons retrouver une note de synthèse (comprenant une analyse d’un dossier juridique), un cas pratique à choisir parmis plusieurs matières de droit, une procédure liée à sa spécialité)
- Si l’écrit est validé, il y aura une partie orale : un grand oral (environ 45 minutes) et un exposé ou une discussion juridique en langue étrangère (anglais de manière générale).
Si réussi, vous pourrez alors intégrer une école d’avocat (EDA).
Obtention du diplôme d’avocat CAPA
L’école d’avocat dure environ 18 mois (dont 6 mois d’école, 6 mois de stage dans un milieu autre qu’un cabinet d’avocat et 6 mois de stage final dans un cabinet).
A la fin de ses 18 mois, il y aura donc la préparation afin de passer le CAPA (certificat d’aptitude à la profession d’avocat).
C’est donc le parcours classique afin de devenir avocat par les études supérieures. La voie traditionnelle via la licence puis le master de droit reste de loin la plus empruntée et sécurisée. Devenir avocat sans bac demeure extrêmement rare et encadré par des conditions particulières, que nous détaillerons par la suite.

Devenir avocat sans BAC : les 8 années décisives d’un juriste
Pour certains candidats, le parcours classique composé de 7 ans d’études paraît beaucoup trop compliqué.
C’est pour cela, que d’autres s'orientent vers un parcours évolutif au cours de leurs années d’exercice pour devenir avocat sans bac.
Commencer dans le juridique en bas de l’échelle : débuter comme assistant juridique afin de devenir avocat sans bac
Vous pourriez très bien commencer par un poste d’assistant juridique pour éventuellement devenir avocat sans bac. C’est un poste essentiel au sein d’un cabinet, le bras droit de l’avocat. Il est accessible avec le niveau BAC à BAC+2, ou bien avec une formation spécifique d’assistant juridique qui remplace le bac.
Les tâches qui y sont reliées peuvent être :
- Accueil téléphonique et physique
- Gestion des dossiers clients
- Prise de rendez-vous et gestion de l’agenda
- Classement et archivage
- Rédaction d’actes sous supervision de l’avocat
Ce poste peut être occupé en cabinet d’avocat mais aussi chez d’autres professionnels du droit :
- Etudes notariales
- Commissaires de justice
- Administrateurs judiciaires
- Experts judiciaires
- Tribunaux
- Entreprise (au service juridique)
- Experts-comptables
Cette fonction permet d’avoir un aperçu du métier et des différents postes au sein des cabinets et d’évoluer pour devenir avocat sans bac en passant par un poste d’attaché juridique.
Évoluer vers un poste à responsabilités : attaché juridique
Passer d’assistant juridique à attaché juridique peut impliquer des évolutions de responsabilités, de tâches et de rémunération.
Ce poste correspond à un niveau BAC +3 (des formations spécifiques sont disponibles avec certains centres de formation).
Ce poste aura plus un rôle de conseil, de rédaction d’actes et de veille juridique.
Il peut y avoir les tâches suivantes :
- Rédaction d’actes / contrats
- Analyse de textes de loi ou jurisprudence
- Veille juridique (mise à jour suivant les dernières nouveautés ou les derniers décrets en matière de droit)
L’attaché juridique est plus autonome et nécessite d’être moins supervisé par un avocat ou un juriste.
Au niveau des entreprises, l’attaché juridique peut proposer ses services au sein des mêmes filiales qu’un assistant juridique.
Concernant la rémunération, la grille des salaires sera donc plus importante que pour un poste d’assistant juridique.
Devenir juriste et exercer jusqu’à pouvoir s’inscrire au barreau en tant qu’avocat
Le milieu juridique est un des rares milieux où une évolution est possible en interne. Il est donc concevable de devenir avocat sans bac.
La frontière entre le poste d'attaché juridique et celui de juriste est très mince.
Certains cabinets sont ouverts à faire évoluer leurs salariés au fil des années d’expérience.
Vous pourrez prétendre à une évolution de carrière en prouvant votre motivation et le désir de vouloir avoir plus de responsabilités au sein du cabinet.
Le fait de prouver son intérêt en se formant en autodidacte ou grâce à une école pourra faire la différence.
Connaître l’entreprise où vous exercez peut être également un avantage par rapport à d’autres qui sortent d’école sans expérience.
Suivant L’article 98 du décret n° 91-1197 du 27 novembre 1991 peuvent être dispensés du CRFPA pour accéder à la fonction d’avocat : "Les juristes salariés d'un avocat, d'une association ou d'une société d'avocats, d'un office d'avoué ou d'avocat au Conseil d'Etat et à la Cour de cassation, justifiant de huit ans au moins de pratique professionnelle en cette qualité postérieurement à l'obtention du titre ou diplôme mentionné au 2° de l'article 11 de la loi du 31 décembre 1971 susvisée."
Au niveau diplôme, il faudra donc être titulaire d’un master 1 en droit ou un équivalent (BAC+4).
Il faut donc 8 années d’exercice consécutives ou presque en tant que juriste.
Vous pourrez par la suite présenter un dossier au conseil de l’Ordre afin de prétendre à faire partie du barreau en tant qu’avocat.
Ce dossier devra contenir vos diplômes, vos attestations d’expériences passées, le descriptif de vos missions, votre CV et une lettre de motivation.
Votre dossier passera donc en commission avec le barreau afin de déterminer si vous êtes apte ou non à devenir avocat sans bac.
Cette manière de procéder pour accéder au barreau est plus longue et plus compliquée pour certaines personnes, demandant une assiduité et une rigueur dans l’entreprise choisie afin d’évoluer.
Mais cela reste une possibilité d’après l’article de loi cité plus haut : celui ou celle qui le veut peut réellement devenir avocat sans bac en France.

Conclusion : Devenir un avocat sans bac est-il un mythe ?
Bien qu'il soit possible d’évoluer dans le domaine juridique sans passer par l’EDA (École des avocats), un niveau équivalent au bac, obtenu, par exemple, via une formation d’assistant juridique, reste indispensable. Ce niveau est nécessaire pour accéder à des formations supérieures permettant de progresser au sein d’un cabinet d’avocat ou auprès d’un autre professionnel du droit. Si l'idée de devenir avocat sans bac peut sembler utopique, il existe néanmoins des parcours alternatifs pour atteindre cet objectif professionnel.